quelques impressions boliviennes

La Bolivie est avant tout une tragedie : depuis sa creation il y a deux siecles sous l impulsion de Bolivar, ce pays qui etait richissime a sa creation grace a ses ressources minieres a vu sa surface divisee par 2.5, suite a des guerres perdues contre le Bresil, Le Paraguay et le Chili (qui l a prive d acces a la mer). La faute a son elite blanche, dont les interets prives etaient toujours de l autre cote de la frontiere, et qui a chaque conflit on saborde le navire. Je ne vais pas raconter tout le "petit fute Bolivie", mais dire ca aide a comprendre pas mal de choses. Notamment que les royalties pour l exploitation du petrole sont de 18% seulement. Que le president Evo Morales a promis de nationaliser toutes les ressources mais n y parvient pas, les elites s y opposant. J ai demande a un vieux monsieur de la Seguridad a l entree d un cafe comment ca se passait avec Evo (il y a des messages d amour partout dans les rues, les maisons), il m a dit que le probleme est qu il n est pas assez forme (c est un syndicaliste des cultivateurs de coca a l origine), et que ses ministres ne pensent pas comme lui, ils sont plutot pour continuer a servir les interet de l elite au detriment du peuple. A La Paz l homme de la rue est souvent analphabete, rendant tout echange assez delicat (demander son chemin est une tache complexe). Il y a une petite animosite latente envers les blancs, tout produit possede un prix indien et un prix blanc. Les vendeurs en regle generale ne rendent pas le bon compte de monnaie, mentent sur les prix. C est autre chose que du marchandage, c est plutot de la malhonnetete. Les premiers jours, constatant que malgre le magouillage les prix restent bon marche je laissais faire, mais c est un peu usant a la longue d etre considere comme un porte monnaie.

Pour le tourisme l avantage de ce pays est son faible prix, du coup il y a deux types : le beauf (Australien souvent) qui vient s enfermer dans un hotel pour faire la fete et tester les drogues eventuellement, ou le routard qui veut passer du temps a explorer. Il y a plein de Francais d ailleurs, plutot pour la 2e option.
Les discussions peuvent etre tres interessantes, les gens sont conscients pour la plupart de la situation du pays et sont soudes, plutot patriotes (tout produit fabrique en Bolivie porte la mention "orgullosamente bolibviano"), connaissent des choses sur les cultures precolombiennes. Ils rosissent un poil le tableau en general, en disant que les cultures anciennes etaient pacifiques contrairement a l envahisseur. En fait les explications dans les musees montrent que des qu une civilisation de la region a pu aller conquerir les voisins elle l a ait. La grosse difference avec les europeens est que ceux ci ont trouve ici une colonie a vider de ses richesses, ils n ont pas du tout chercher a associer les peuples locaux a leur empire.

Il y a un musee ethnographique sur toutes les cultures anciennes, vraiment passionant. Malheursuement les photos sont interdites. Sauf quand le vigile n est pas la.
   
On y voit toute la succession des civilisations en amerique du sud. (MISE A JOUR APRES UNE 2E VISITE AU MUSEE)

Je suis un peu triste a la vue de ce pays, car c est vraiment un pays decapite, qui tente d etre porteur d une culture en continuite avec les siecles passes, mais dans les faits on observe surtout l inculture des gens car l elite est de culture occidentale, et ca me parait difficile de faire vire une culture sans qu elle soit organisee a l echelle du pays. Les gens dans la campagne parlent aymara vers la Paz, quechua ailleurs, vouent un culte a la Pachamama, terre nouriciere, mais j ai pas l impression que ca aille plus loin. En janvier il y aura des carnavals peut etre que je serai detrompe.
Il y a quelques vistoires pour les Indiens : la culture de la coca, menacee par les Etats Unis qui veulent lutter contre la drogue (peut etre parce qu elle ne pousse pas chez eux), est maintenue grace a Evo car elle est solidement ancree dans les moeurs : cette plante pousse sur une grande gamme d altitudes, et a l epoque des incas elle servait de monnaie d echange entre les peuples habitant aux differents etages de la montagne. Elle ameliore la captation d oxygene ce qui est bien utile en montagne, et peut servir de nourriture en cas de besoin. "La coca no es droga" c est le slogan des cultivateurs. J aimerais en rammener un peu en France mais bon, 5 ans de prison si je suis pris du coup je vais passer mon tour.