noroeste, fin

- Jujuy : ville poluee, bruyante, avec tant de panneaux publicitaires dans les rues qu il faut lever les yeux a la verticale pour voir le ciel. J y passe juste la nuit pour aller dans la quebrada de Humauaca le lendemain. A l auberge je rencontre un Californien cool et barbu, qui etudie l espagnol a Buenos Aires depuis septembre et ne parle pas un mot de la langue. Que gringo !Je me rends compte que je ne sais plus parler un mot d anglais, le secteur espagnol de mon cerveau a ecrabouille l anglais.

- Tilcara : Magnifique village a l architecture coloniale, peuple d Indiens, qui vit d activite pastorale et d Artisanat. Une ambiance saine et harmonieuse. une chaleureuse et bigote habitante, Irma, me fait visiter et nous allons ecouter de la musique andine dans un resto. Elle est tres contente de rencontrer un juif, car le Christ etait juif, c est la religiondes origines, et me demande de lui raconter quelques petites choses sur le sujet. Elle m aide a trouver une chambre pas chere, et precise a chaque fois que c est pour une personne, pas deux !

Le lendemain je vais voir la Pucara (forteresse) de Tilcara, une ruine Inca qui a ete restauree. Ce village a ete construit par le peuple de Tilcara, et les Incas a leur arrivee au XIVe siecle ont ajoute quelques batiments administratifs et religieux. Il surplombre la vallee ce qui permettait de controler le passage. Vivement la Bolivie pour en apprendre plus sur cet empire.

   

- Humauaca, Iruya : "somos una cultura aborigena viviendo en un mundo globalizado", dit une peinture sur un mur. Ils sont au courant de ce qui se trame chez l envahisseur. De facon generale, les Indigenes ont l air d avoir appris les regles du jeu, et defendent leur culture en utilisant un discours d occidental. Tres joli gros village, un peu comme Tilcara. J y ai rencontre deux loustics Argentins, Daniel et Agustin. Dans le dormitorio je voulais me lever a 7h30. Ils sont arrives bruyament a 1h du matin. Je leur ai dit chut dans les vappes de mon demi sommeil, ils ont rigole. On etait potes. Le lendemain, on depart pour Iruya, petit village cache derriere un col a 4000m. Dans une epicerie, les trois jeunes filles qui tiennent le comptoir, 15, 10, 6 ans par la, observent avec curiosite et timidite ces etrangers, avec des petits rires tous mignons. J ai eu le malheur de parler aux comperes de la difference de niveau de vie entre la France et l Argentine (facturas 4 fois plus cher a Paris, biere 3 fois plus chere a Paris), du coup le soir au comedor (quelques tables dans une maison) le moins cher du village, Agustin me fait "bueno, 30 pesos para 24 empenadas, 10 pesos el vino. Puedimos ayudarte con 10 pesos.*" ; et pendant le repas : "tome Arik, tome todo que quieres. vino ?**". Mais la radinerie est un trait mineur du caractere d Agustin. En 1e annee d etudes sportives, ce jeune ephebe est passe par un parcours scolaire mysterieux, d ou il sort en ecoutant d un oeil douteux les explications de Daniel et moi sur la formation des montagnes et sur l evolution des espece. En rando sur le camino San Isidro, le lendemain, dans une vallee encaissee aux teintes d ocre a orange, l homme de la nature s exclame "Che ! Mira la montaña Arikson, el rio ! Es tan lindo, solo puede ser la obra de un Dios !***" Nous arrivons a un compromis : la formation d ela Terre et de ses habitants est la consequence des lois de la physique, mais comme c est Dieu qui a decide des lois le monde est l oeuvre de Dieu. Ce niño a une joie de vivre et un regard franc qui font plaisir a voir.
En Argentine tout le monde va a l Eglise, Agu n est pas bigot. Il me donne exemple de la rapidite argentine : sur le retour de la rando il passe saluer une touriste, sa conquete de la veille. J ignore comment il peut avoir fait sa connaissance car on a passe toute la journee tous les trois. C est de la prestidigitation.

Agustin, Arikson, Daniel.

*En gros "c est le Francais qui invite !". Francais, vache a lait.

**Alexandre devient regulierement Arikson en Argentine.

*** "Mec, regarde la montagne, le torrent ! C est tellement beau, ca ne peut qu etre l oeuvre de Dieu !"

Daniel quanta lui a fini ses etudes de relations internationnales, il est en train de choisir le sujet de sa future these, on est dans le meme bateau. C est un gars pas mal cultive et interessant. Il est aussi curieux de savoir si j ai la foi, et pense que pour un scientifique ca doit etre difficile de croire. Comme quasi tous les Argentins qui etudient il me dit adorer la culture europeenne et aimerait voyager chez nous.

     

     

Socialisme et christianisme font bon menage. Le camino de san Isidro.

      

Dans tous ces villages les jeunes vont peu ou pas a l ecole (ils aident les parents souvent) et il n y a pas d education sexuelle, du coup les filles ont leur premier enfant vers 15, 14, 13 ans. De plus en Argentine du fait de  l influence de l Eglise l avortement est plus ou moins legal (illegal mais possible en payant). Je discute avec Elvira, 20 ans, jeune mere celibataire d une petite de 2 ans. Elle bosse a l hospedage (hotel) ou nous dormons. Je lui demande si c est difficile a son age d elever un enfant, non pas trop. La petite est trop mignonne, toujours a machonner une poire ou a boire un jus d orange.
"Dans mon pays en France on fait des enfants beaucoup plus tard, au moins a 25 ans.
- Pourquoi attendre tant ?
- Pour finir les etudes surement... et puis pour avoir le temps de vivre de experiences avant.
-d´accord..." pas convaincue. "mais quelles experiences ?". Grosso modo j ai l impression qu on vit dans ces villages commes dans la France du debut du 20e siecle, mais avec des technologie actuelles (moteurs, eau courante, electricite). C est interessant car on voit bien que l histoire avance avec de chemins differents selon les regions.

Tentons quelques deductions : En tout cas ces campagnes ne sont pas comme les notres, elles ne se vident pas. Mais j ai l impression que c est du au fait qu il n y a pas d education, du coup les jeunes ne veulent-peuvent pas partir a la ville. Car a la ville de Jujuy les jeunes vont etudier a Buenos Aires quand ils peuvent. Autre chose plus ou moins liee, les indien(ne)s ont l air plutot interessees pas les visages pales. est-ce que c est pour l exotisme, pour les sousous, ou parce que le blanc est le modele dominant (il n y a que des blancs dans les publicites et dans les metiers valorises) ? Un peu de tout peut etre. Difficile pour une culture de resister quand elle est moins puissante materiellement qu une autre. Ca me fait penser au phenomene qu on observe partout, l occidentalisation. On aime croire que c est pour nos valeurs humanistes que les autres cultures veulent nous rejoindre, mais c est aussi par fascination pour la richesse materielle permise par nos technologies et notre hierarchisation sociale. Et aussi pour pouvoir lutter a armes egales. Ce qui fait triompher une civilisation sur d autres c est sa force brute plutot que la richesse de ses moeurs. On peut objecter que l education dont manquent ces campagnes ameliore la vie, mais avant l arrivee des europeens ces peuples avaient peut etre leur forme d education qui a ete supprimee... no se.

Apres Iruya je me separe a regret des deux Argentins qui vont au sud, tandis que je me dirige vers la Bolivie.

- Abra pampa, 90km au nord de Humauaca, sur les plateaux de la Puna : la ville qui a dit non. Non, nous ne saurons pas faire de pain mangeable. Non nous n indiquerons pas les rues aux voyageurs, ou alors les indications serons fausses, car nous ne connaitrons pas notre propre ville. Non nous ne servirons pas de cafe correctement dose. Non nos collectivos (bus) ne partiront pas a l heure, mais avec 30min de retard, ou alors d avance : j ai loupe le collectivo de 13h, sur une route sans ombre (c est l ete, sous le tropique), car il est parti a 12h35 (je l ai vu au loin). C est etonnant comment l ambiance entre deux villes voisines peut etre differente, ici la plupart des gens tirent une tronche et n ont pas l air motives. Comme si une mauvaise dynamique s etait instauree et perdurait sans cause exterieure apparente. Par contre la campagne est magnifique, j ai passe la matinee a suivre un rio dans la puna (haut plateaux, 3000m) :

      

des vigognes. le rio, quasi a sec en cette saison. des canards.

   

abstrait. les montagnes au loin. la rive droite du tio, avec une autre espece de plante qu a gauche.

   

Des lamas et de la volaille.abstrait. Un vol de flamants roses (dur a photographier ca !)

 

Un lama. Ici la plante verte a envahi la rive gauche du rio, une sourde guerre se livre avec l herbe jaune. Hugo toi qui est maintenant specialiste de ces choses la a tu une interpretation ?

Comments

[Alexandre]

Ah t as bosse la bas ? ben sur le retour j y repasserai donne moi les bonnes adresses !
Pour les campagnes qui se vident j avoue c est surprenanton a un impression de stabilite quand on discute avec les gens
Cimer de penser au voyageur
Bon noel a toi aussi, bonne annee aussi
la bise

[Thibo]

Salut Alex, et joyeux noel.
que du bonheur ton blog. et surtout que de souvenir.
Abra Pampa, j'y ai bossé 6 mois, alors tu parles... c'est sur que quand on connait pas, c'est très inhospitalié, mais en réalité, c'est un des endroit où je mangeais le mieux et pour pas cher. j'ai oublié de te recommander ce petit café au coin de la place de l'église, où on peut boire du "happy" ou "api" je sais pas trop, une super boisson à base de mais, qu'on boit avec une tortilla bien chaude.

a oui et aussi, c'est la saison des pluies en ce moment comme tu as du le remarquer, donc les rio sont à leur niveau le plus haut.

en ce qui concerne le collé,tu as du prendre une companie de m..... sauf si c'était pour partir dans l'intérieur de la Puna, dans ce cas oui.... c'est effectivement chaotique, j'ai une fois du attendre 2 jours....

et détrompes toi, les campagnes se vident. les agriculteures ayant un peu d'argent envoient leur enfant étudié à la ville. finalement, ca fonctionne un peu comme en france.

mais c'est marrant de voir le point de vue d'un touriste, j'avais oublié que c'était aussi la première impression que j'avais eu.

Allez Alex, amuse toi bien dans la suite de ton periple.

Profites à fond.

La bise