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Agudeza y America
10 janvier 2011

Ascension du huayna-Potosiayna

6088m selon les altimetres. A l agence, la dame de l accueil me montre le trajet sur une photo de la montagne. Elle remarque mon manteau en gore tex, "ah les touristes Français ils ont souvent des gore tex" (ah oui les Francaisi ils petent dans la soie). Je lui demande des infos sur la ville, elle me dit "tu peux aller voir la ville sud a San Miguel par exemple, la bas ils sont riches ils ne vivent pas comme nous, ils ont des machines a laver", avec un air un peu meprisant. Au moment de fixer le rdv elle ajoute "ah vous arriverez a l heure, les Francais ils arrivent a l heure. Les Allemands arrivent une heure en avance ! Les Boliviens plutot avec une heure de retard" Avec un air amuse. Dans la conversation : "En montagne tous les ans des touristes europeens meurent, les locaux leur disent que les conditions climatiques sont mauvaises mais ils n ecoutent pas, les europeens", avec un grand sourire. Le monde vu par le tourisme de haute montagne. Le terme alpinisme derive de "Alpes", j ai envie de lui rappeler. Bref.

La sortie se fera avec Romain, un Français prof de natation a la Reunion, et un couple Allemano-Israelienne. Le premier jour, essai du matos de glacier sur le vieux glacier, en bas. Le soir, partie de poker avec des couverts et des bananes. 2e jour, montee au 2e refuge a 5200m. a 19h extinction des feux pour un debut d ascension a minuit (Pour voir le lever de soleil du sommet). Chacun y va de son petit symptome de mal d altitude : vomissement et mal de tete pour certains, sensation d etouffement pour moi, je dois tellement respirer pour brasser assez d air que je n ose pas m endormir. Mais petit a petit le corps s adapte, aide par un bon mate de coca.C est dingue qu une plante anti mal d altitude pousse precisemment dans les Andes.

P1000356

La seance d entrainement sur le vieux glacier.

a minuit et demi, cramponnage, encordage (nous sommes trois, le guide, Romain et moi derriere) depart pour le sommet. Le guide Roqué est un grand Bolivien (ils sont plutot petits en general) un brin arrogant, il refuse la coca qu on lui propose, il n en a pas besoin. Il nous guide un peu a l arrache, en disant juste "faites attention" dans les passages techniques. Deux vitesses : une respiration pour deux pas en pente douce, une respiration par pas en pente forte. Faire des petits pas pour ne pas attrapper le soroche, le mal de l altitude, se concentrer sur le rythme des pas pour garder le courage. Je connaissais le 300m/heure de denivele, mais a cette altitude ca tombe a 150m/h. Quelques crevasses a enjamber,quelques traversees de pentes dont on ne voit pas le fond avec les lampes frontales, quelques passages d escalade pas trop techniques ou il faur planter le piolet et se hisser. Pour etre sur de ne pas tomber je depense une energie excessive pour l altitude en plantant le piolet, le manque d experience. Il faut etre parcimonieux ici, car le corps manque de comburant et il vaut mieux ne pas priver la cervelle de sang (le corps n administre pas tres bien ses ressources a cette altitude, il n est pas fait pour, il faut penser a sa place. Les Incas n ont d ailleurs jamais depasse les 6000m par la, au dela c etait le monde des dieux pas des humains pour eux).

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Romain, le guide, moi.

A 5800 il commence a neiger pas mal et le vent fait descendre la temperature a -20 par la (j ai pas de thermometre). A 6000, pente rude jusqu au sommet 80m plus haut, la poudreuse arrive a mi cuisse, Roqué nous previent que la neige peut glisser em plaque et nous emporter. La neige sur mes lunettes m aveugle, j enleve un gant pour les nettoyer, en 10s j ai limpression de perdre mes doigts. Coup d oeil a Romain. On fait demi tour Roqué !

A l aller, l animal a pu, en observant un paysage blanc a gauche, a droite, au milieu, trouver le chemin vers le sommet. Au retour la neige recouvre le chemin, et un nuage limite la vision a deux metres. Mais j y crois, ouais Roqué il va deceler des indices indetectables pour le profane et nous rammener au refuge ! Apres 45min de descente en cavalcade, le guide s arrete, enfonce le piolet un peu partout, se retourne et fait "estamos perdidos" (on est perdus)... Et si on redescend Roqué, la neige s arrete bien a un moment ? Non il y a une falaise plus bas. Et si on retourne sur nos pas Roqué, on va retrouver le chemin et y aller plus tranquillou ? La neige a efface nos traces on ne peut pas revenir en arriere. "No sé nada." Je compte l eau et les snickers qui me restent... Je repense a l histoire de Guilaumet le pilote de l aeropostale qui a marche des jours sans reserve dans les Andes, apres un atterrissage force. En meme temps le froid me donne envie de dormir. Je ne dis rien, en attendant de voir ce qui se passe. Tous les ans il y a quelques touristes qui y passent dans les Andes. 23 ans c est un age comme un autre. Par conte ma famille sera triste*. Je demande a Roqué si le nuage va se lever. Peut etre. Non, surement ! Il nous dirige un peu au pif, pour garder le corps actif et retarder le sommeil ? Toc toc, ah le piolet ne s enfonce pas ici, ca doit etre le chemin ! On retrouve un passage de tout a l heure. Avec toute la poudreuse on se casse la gueule  tout le temps, j ai des mirages de refuge comme le capitaine Haddock avait des mirages de bouteille de rouge dans le desert.

Nous arrivons finalement a 8h30 au refuge. Explorer sa zone d inconfort est jouissif, difficile de mettre des mots dessus, la haute montagne est un sacre defi, j aimerais tenter le cran au dessus la prochaine fois mais avec une bonne grosse preparation physique (le Huayna Potosi est le 6000m le plus accessible). J ai maudit l imprevoyance de Roqué sur le coup mais en fait ces changements brusques du climat sont assez imprevisibles. Roqué nous a dit a l arrivee qu on a eu de la chance de trouver le chemin si vite.

* Je raconte le truc comme je l ai vecu mais les informations que j ai eu ensuite montrent qu il n y avait pas de risque vital (notemment on etait sur le bon flanc de la montagne donc pas tres loin de la civilisation) !

huayna_potosi

Le chemin qu on a plus ou moins suivi. (c est une photo de photo)

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Le paysage au cours de la descente du 2e au 1er refuge (entre 5200 et 4800)

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Vers 4900, une petit crete.

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Photo du guide, a la fin de a sortie. Avec sa degaine et les couleurs, y a de quoi publier moi je vous le dis !

Voilou n hesitez pas a poster un commentaire comme ca je me sentirais plus proche de vous, bisous

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Commentaires
A
ben j avais grave envie de faire un sommet un peu plus haut en Argentine ou le climat est meilleur, mais par manque de temps ce sera pour plus tard.<br /> mais je vais y aller progressivement, un 6500 la prochaine fois, apres ptet un 7000... parce que pour l everest faut des bouteilles d oxygene !<br /> zoubis !
A
Chapeau bas M. Mamane<br /> Impressionnant quand même, surtout pour quelqu'un avec un vertige carabiné comme moi...<br /> La fille de l'accueil ben moyen l'accueil quoi : de toute façon les étrangers tous des cons ! <br /> Encore une fois respect, et tiens nous informé si tu montes l'Everest
R
hola amigo, <br /> <br /> Que tal ? Donde estas ahora ?? <br /> Vous avez trekker alor ? Sympa ? <br /> <br /> A bientot <br /> Romain
Agudeza y America
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